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TASSO (Torquato), Gerusalemme liberata (1581)

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GERVSALEMME/ LIBERATA/ del sig. torqvato tasso./ al sereniss. sig. don alfonso ii./ Dvca V. Di Ferrara. &c./ tratta da fedeliss. copia, et vltimamente/ emendata di mano dell’istesso Auttore./ Oue non pur si veggono i sei Canti, che mancano al goffredo stampato in Vine-/tia ; ma con notabile differenza d’Argomento in molti luochi, e di stile ; si leggono/ anco quei Quattordici senza comparatione più corretti./ Aggiunti à ciascun Canto gli Argomenti del Sig. Oratio Ariosti./ Con Priuilegi della Catholica, & della Christianissima/ Maestà ; & di tutti i Duchi d’Italia./ [marque : virtvs secvritatem parit]/ in casalmaggiore. m d lxxxi./ Appresso Antonio Canacci, & Erasmo Viotti. Antonio Canacci, & Erasmo Viotti.

[souscription] in casalmaggiore./ Nella Stamperia d’Antonio Canacci. m d lxxxi.

Grand in-8° [136] feuillets signés +8 A-Q8 paginés [VIII ; +7 v° blanc] 1- 254 [II] ; (90 inversé). Marque de Viotti sur le titre (67 mm ; Vaccaro, 161 ; Zappella 810) ; autre (58 mm) de Canacci, à la devise « Non quam diu sed quam bene » (Zappella, 739) ; bandeau au mascaron, cygnes et putti (18 x 104 mm), aggrandi de deux fleurons latéraux ; autre (17 x 103 mm), répété ; fleuron typographique ; lettrine (32 mm) ; l’argomento dans un encadrement typographique (48 x 105 mm) ; texte sur deux colonnes, encadré au trait (165 mm).

Le chef d’œuvre de Torquato Tasse connut une première diffusion sans l’aveu de son auteur, sous la forme d’une édition en seize chants, procurée par Celio Malaspina (1531-1609) et publiée sous le titre de Goffredo, à Venise en 1580, chez Domenico Cavalcalupo. L’abbé Serassi jugeait cette édition « rara e interessante, ma molto sciagurata, scoretta e manchevole quasi d’una terza parte del poema ». Malaspina donna en juin 1581 une seconde édition, en vingt chants (voir ce volume).

Dès février 1581, paraissait à Parme, chez Erasmo Viotti, sous le titre de La Gerusalemme liberata cette fois, une édition plus correcte, complète en vingt chants, établie sur une bonne copie prétenduement révisée par l’auteur. Cette édition fut réimprimée presque immédiatement à Casalmaggiore, par Antonio Canacci et Erasmo Viotti. Elle est introduite par une dédicace d’Angelo Ingegneri [1] au duc de Savoie, Charles-Emmanuel, dans laquelle l’éditeur évoque sa rencontre avec le poète à Turin et la protection que le marquis d’Este [2] avait offerte à celui-ci ; il évoque ensuite son propre séjour à Parme, où il avait découvert la mauvaise édition vénitienne du poème, « primiera scorettissima editione » (voir ce volume), il mentionne enfin l’appui obtenu de la marquise di Soragna et du comte di Villarchia pour préparer la nouvelle édition, qu’il offrait au duc. Dans un avis aux lecteur, Ingegneri donne d’autres précisions sur son édition : il avait reçu un manuscrit du poème, avec quelques lacunes, mais portant « spessi e recenti miglioramenti di mano del proprio Auttore », au cours du Carnaval précédent, qu’il transcrivit en six nuits, bénéficiant des conseils de Domenico Venier et de l’autorisation du duc de Ferrare, à défaut d’une confimation du texte par le poète lui-même, dont l’état de santé empirait. La publication non autorisée du Goffredo conduisit Ingegneri à hâter la publication de sa propre édition, à laquelle il donna le titre de Gerusalemme liberata. Elle fut imprimée à Parme et à Casalmaggiore, en deux éditions différentes de présentation, mais d’une égale correction. L’édition de Casalmagiore est illustrée d’arguments dont Ingegneri ne nomme pas l’auteur, en fait Orazio Ariosti (1555-1593) [3]. Cette édition fit l’objet d’une réimpression, publiée la même année, à Lyon, chez Alessandro Marsilii. Febo Bonnà, un proche de Torquato Tasso, procura enfin deux autres éditions, établies sur la copie appartenant à Scipione Gonzaga, publiées à Ferrare, chez Vittorio Baldini, en juin et en juillet de la même année.

Erasmo Viotti, libraire de Parme, et Antonio Canacci furent associés en une entreprise typographique établie à Casalmaggiore, près de Crémone, active entre 1580 et 1588. Ils publièrent la Gerusalemme, les Dialoghi amorosi de Torquato Tasso, et quelques rares autres titres, dont l’Eridanus de Girolamo Chiozzi en 1584.

Hauteur : 199 mm. Vélin souple, trace de lacets (reliure de l’époque).

Provenance : ancienne inscriptions sur une garde ; cachet armorié Biblioth. S. Angeli Cremonæ.

→ Brunet, V, 665 ; Guidi, 2 ; Serassi, 542 ; BL, 660 (2 exemplaires) ; Bologna, II, 150 ; Ascarelli-Menato, p. 174-174 ; Carpanè, p. 262 (recense 44 exemplaires) ; Edizioni tassiane, 33 ; DTE, I, 240-242 ; Edit16 (26 exemplaires).

[1Homme de cour influent, alors secrétaire du duc de Savoie, au cours d’une longue carrière qui le vit au service du prince de Massa, des ducs de Ferrare et d’Urbin, du cardinal Aldobrandini, Angelo Ingegneri était membre de l’Accademia Olimpica de Vicence et des Innominati de Parme. Poète, il se fit connaître par une traduction d’Ovide, les De’ rimedi contra amore (Avignon, Pierre Roux, 1576), et publia un poème épique, l’Argonautica, ainsi qu’un traité Della poesia rappresentativa e del modo di rappresentare le favole. Lié à Torquato Tasso, il procura également la Gerusalemme conquistata en 1593.

[2Filippo d’Este, marquis de San Martino in Rio, veuf en 1580 de Marie de Savoie, fille naturelle du duc Emmanuel-Philibert.

[3Orazio Ariosti (1555-1593), petit-fils de l’auteur de l’Orlando furioso, chanoine de Ferrare.

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