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ACCADEMIA DEI TRASFORMATI, Sonetti degli Accademici Trasformati di Milano (1548)

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sonetti de gli aca-/demici trasfor-/mati di milano./ [emblème : et steriles platani malos gessere valentes]

[souscription] In Milano per M. Antonio/ Borgi nel 1548. del mese/ di Decembre.

In-8° [66] feuillets signés A-G8 H10 non chiffrés. Sur le titre, emblème de l’Accademia dei Trasformati (72 mm ; Vaccaro, 104 ; Zappella, 489) ; la devise du titre (« les platanes stériles se transformeront en pommiers vigoureux »), est prise de Virgile, Géorgiques, II, 70. Grande lettrine de départ (40 x 40 mm) ; caractères italiques.

La première Accademia dei Trasformati fut fondée à Milan, en 1546, par l’humaniste Marcantonio Conti da Maioragio [1] (1514-1555), Girolamo Cardano (1501-1576) et Camillo da Rho. Elle eut une existence éphémère, et cessa ses activités à la fin des années 1550 ; lui succéda l’Accademia dei Fenici, sous la présidence du juriste et cavaliere aureato Ferrante d’Adda († 1567).

Les Trasformati publièrent en 1548 une série de pièces, en un volume dédié à Philippe, infant d’Espagne, fils de Charles-Quint, lors de son séjour à Milan, du 19 décembre 1548 au 7 janvier 1549. Ce séjour, qui revêtit une grande importance politique, fut marqué par de nombreuses manifestations publiques ; la comédie Alessandro d’Alessandro Piccolomini fut représentée à cette occasion. Le volume des Trasformati publié dans ce contexte, mais sans être exactement un recueil encomiastique ou de circonstance, contient 125 pièces de douze auteurs, monsignor Ottaviano Arcimboldo [2] (6), Giovanni Paolo Barza (5), Giovanni Francesco Castiglioni (11), Faccio Gallerano (9), Andrea Giussano [3] (33), Marcantonio Maioragio (4), Francesco Mantegaccio (6), Marcantonio Missiglia (13), Filippo Pirogallo (8), Cesare Regnio (7), Camillo da Rho (15), Carlo Visconti [4] (7) ; cinq sonnets sont adressées à des académiciens, avec leur risposta sur les rimes originelles.

Le recueil est, avec les rime des Argonauti, recueillies dans les Dialogi marittimi de Bottazzo (voir ce volume), une des premières anthologies de rime accademiche, publiée près d’une génération avant les recueils collectifs des Affidati de Pavie (1565), des Eterei de Padoue (1567, voir ce volume) et des Occulti de Brescia (1568). Il marque un véritable événement dans l’histoire des lettres à Milan. La cité lombarde, en effet, riche centre humaniste, n’avait guère en revanche de tradition poétique en langue vulgaire, et il faut remonter à Renato Trivulzio et à Antonio Fregoso pour trouver des talents d’une certaine originalité. Par leur recueil collectif, les Trasformati témoignent de leur ambition de se ranger à une langue poétique commune et de rivaliser avec les initiatives éditoriales collectives dont Giolito donnait le modèle à Venise. Parmi un ensemble à la vérité assez scolaire de versificateurs, combinant une culture humaniste au langage pétrarquien usuel, émergent les personnalités de Giovanni Battista Castiglioni, de Carlo Visconti et d’Andrea Giussano, celui-ci auteur de pièces réunies en un véritable canzoniere. L’initiative des Trasformati ne suscita pourtant aucune suite immédiate à Milan même, et le recueil ne semble avoir connu qu’une diffusion confidentielle. Sur le libraire Giovanni Antonio Borgo [Borgia, da Borgo], qui adopte l’emblème des Trasformati voir G. Muzio, La polvere, Milan, Antonio Borgo, 1545.

Hauteur : 146 mm. Cartonnage moderne.

→ Brunet, V, 437 ; Vaganay, 1548, n° 9 ; Bologna, I, 292 ; Rhodes, Early Italian Printing, p. 123-131 ; Ascarelli-Menato, p. 158 ; Sul Tesin, I.12 ; DTE, I, p. 181 ; Edit16 (7 exemplaires).

Sur le recueil et ses auteurs : M. Maylender, Accademie d’Italia, V, p. 338-340 ; S. Albonico, Il Ruginoso stile. Poeti e poesia in volgare a Milano nella prima metà del Cinquecento, Milan, Franco Angeli, 1991, p. 181-243.

[1Né en 1514 à Maioragio, ou Mairago, près de Lodi, Antonio Maria ou Marcantonio Conti fut professeur d’éloquence à l’université de Milan ; il laissa plusieurs commentaires d’auteurs grecs et latins ainsi que des discours d’apparat.

[2Abbé commendataire de Viboldone, protonotaire apostolique, Ottaviano Arcimboldo était fils d’Antonello Arcimboldo et Bernardina Pallavicino.

[3Andrea Giussano (mort après 1550).

[4Carlo Visconti (1523-1565), fils de Cesare Visconti, co-seigneur d’Albizzate. Patricien de Milan, conseiller, protonotaire apostolique, il devint évêque de Vintimille en 1561 ; après sa nonciature en Espagne, il fut créé cardinal en 1565, date de sa mort.

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