versi, et regole/ de la nvova/ poesia to-/scana [fleuron]/ [marque : victoria aeterna - s c]/ Romæ m. d. xxxix.
[souscription] In Roma per Antonio Blado d’Asola/ Nel m. d. xxxix./ Del Mese d’Ottobre.
In-4° [92] feuillets signés a4 A-Y4 non chiffrés. Marque sur le titre (diametre 48 mm) ; autre au verso du dernier feuillet (74 mm) ; caractères italiques. Certains exemplaires présentent un autre état du titre, sans la marque, mais avec un portrait de Claudio Tolomei.
Manifeste des académiciens della Nuova poesia, ou de la Virtù, réunis à Rome à l’initiative du poète siennois Claudio Tolomei (1491-1556). Ceux-ci, pour la plupart des Toscans établis à Rome, souvent des Florentins exilés, protégés par le cardinal Ippolito de’ Medici (1511-1535), puis par le cardinal Nicolò Ridolfi († 1550), se proposaient de renouveler la poésie italienne par l’adaptation des formes et des mètres latins, en particulier l’épigramme, et des essais de poésie mesurée, en une inspiration résolument pastorale. Ils contribuèrent au mythe des « dolci cigni d’Italia », un chant poétique à plusieurs voix, en une langue commune, capable de dépasser les particularisme régionaux, et de fonder une véritable société lettrée.
Le recueil, procuré par Cosimo Pallavicini, comprend des pièces de Giovanni Battista Alamanni, Dionigi Atanagi, de Cagli (20), Trifone Benci [Benzi], d’Assise [1] (7), Ascanio Bertini, Antonio Blado (12), Bernardino Boccarino [2], d’Arezzo (5), Alessandro Bovio, Ottaviano Brigidi, Annibal Caro (2), Antonio Casanova (3), Alessandro Cittolini [3], de Serravalle (3), Lionardo Colombini (2), Pavolo [Paolo] Gualterio [4], d’Arezzo (18), Carlo de’ Marchesi, Bartolomeo Paganucci, Cristofano Romei, Antonio Renieri da Colle [5] (33), Paolo del Rosso (5), don Diego Sandoval di Castro [6], Tommaso Spica (4), Claudio Tolomei (11), Adriano Viventio, Giulio Vieri (3), Mario Zephiro [Zefiro], Gabriele Zerbo, Giovanni Zuccarelli, de Canapina (8), et 12 pièces anonymes ; 34 épigrammes sont traduites du latin de Catulle, Cingolo, Giovanni Cotta, Marcantonio Flaminio, Homère, Maximien, Francesco Maria Molza, Andrea Navagero, Ovide, Politien, Sannazaro, Virgile, Stace.
Les pièces sont adressées au duc de Ferrare [7], au cardinal Ridolfi [8] (2), à Luigi Alamanni, Dionigi Atanagi (3), Guido da Bagno, Giovanni Baroncelli, Bernardino Boccarino, Trifone Benzi (2), Emilio Brogioni, Francesco Corsini, Giorgio Dati, Domenico Capifucco, Annibal Caro, Aldobrando Cerretani, Lionardo Colombini, Paolo Gualterio (2), le signor Indico, M. Lupo, Bernardino Maffei, Cesare Malvicini, Alessandro Marzi, Francesco Maria Molza (2), Domenico del Nero, Scipione Orsini, Silvia Piccolomini, Francesco Prescianese (4), Antonio Renieri (4), Girolamo Ruscelli, Diego Sandoval di Castro, Paolo Antonio Soderini, Celso Sozzini, Tommaso Spica, Francesco Tancredi, Claudio Tolomei (15), Alfonso Toscano, Giulia Varana [9], Giulio Vieri, les Accademici della Nuova poesia (3), les Accademici Toscani.
Le recueil des Versi propose de nombreuses pièces encomiastiques et de correspondance, sans négliger le thème amoureux ; il accorde toutefois une place toute particulière au genre pastoral. Les Versi sont suivis des Regolette, précédées d’une note, due probablement à Pallavicini, qui en rappelle le caractère provisoire, dans l’attente d’un traité complet sur le sujet. Au même moment, Claudio Tolomei travaillait à des Dialogi, aujourd’hui perdus, qui devaient examiner en détail ce projet de rénovation de la métrique toscane. La tentative des amis et collaborateurs de Tolomei a été d’adapter la métrique latine fondée sur la quantité des syllabes à la métrique vulgaire. Dans son échec même, elle eut un grand intérêt, comme témoignage d’une réaction contre les limites dans lesquelles la réforme linguistique et poétique imposée par Bembo avait enfermé la poésie italienne. Le recueil propose en outre d’intéressantes expériences de versi sciolti pour traduire des textes antiques, contribuant ainsi à libérer l’endecasillabo des contraintes de la rime. Les Versi constituent une étape importante de l’histoire d’un courant dit barbare de la poésie italienne, menant du Certamen coronario (1441) entre Leon Battista Alberti et Leonardo Dati, aux Odi barbare (1877) de Carducci, à qui l’on doit la redécouverte du recueil dans son ouvrage La Poesia barbara nei secoli XIV e XV (1881).
Imprimeur du volume, originaire d’Asola, près de Mantoue, Antonio Blado s’était établi à Rome au Palais Massimo a Campo de’ Fiori, où il exerça de 1516 à 1567. En 1535, il devint imprimeur camerale. On recense de lui 1261 titres, dont une majorité de publications officielles.
Hauteur : 198 mm. Chagrin prune janséniste, dentelle intérieure (reliure moderne).
→ Gamba, 1694 ; D. Bernoni, p. 344-345, n° 44 ; Ascarelli-Menato, p. 100-101 ; DTE, I, 147-149 ; Edit16 (27 exemplaires).
Reproduction en fac-similé, précédée d’une introduction de M. Mancini, « Il classicismo metrico degli Accademici della Nuova poesia : criteri e regole della composizione poetica », et « Struttura, motivi e forme della raccolta », Rome, Vecchiarelli, 1996.