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BIDELLI (Giulio), Diverse rime (1551)

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diverse rime,/ di messer givlio/ bidelli./ [marque veritas filia temporis]/ con privilegii/ m d l i./

[souscription] in vinegia/ per/ francesco/ marcolini/ m d l i.

In-8° [32] feuillets signés A-D8 non chiffrés ; le dernier feuillet blanc manque dans l’exemplaire décrit. Marque sur le titre (59 mm) ; f. A2 v° : vignette gravée ovale (69 mm), impresa de Bidelli ; f. D7 v° : encadrement à motifs de rinceaux. Caractères italiques de chancellerie.

Le canzoniere de Giulio Bidelli a été publié la même année et chez le même imprimeur que ses Centoni pris de Pétrarque. Le recueil, qui sera réédité en 1563, al segno della Salamandra, est dédié à Ippolita Gonzaga [1], épouse de Fabrizio Colonna. Il contient 72 sonnets, sept capitoli, deux stanze, un madrigal. Les pièces sont adressées au lecteur, à Ippolita Gonzaga (6), la princesse de Molfetta [2], Onorata Tancredi [3], madama d’Autriche, duchesse de Camerino [4] (7), à laquelle le poète dédia également ses Stanze dugento, le duc Ottavio Farnese [5], la marquise de Soragna [6], Lucrezia Marinoni, le signor Schizzo, sénateur de Milan, le signor Castaldo, monsignor d’Andaloth [7], Margherita Visconti de’ Salici [8], Isabella de Luna, Isabella Brivio, ou en mémoire de don Carlo Farnese [9], du marquis del Vasto [10], Giulia Visconti [11], Lutietta. Sonnets spirituels, au Christ (6) et à la Vierge. Suit un Trionfo, poème d’amour en 50 octaves, adressé à une dame anonyme ; cette pièce avait été publiée séparément (ad istanza di Alberto di Grazia detto il Toscano). Dans un avertissement de l’imprimeur, le sonnet ‘Se per lodarvi, e dir quanto s’honora…’ (f. A3 v°), déjà publié dans les Rime de Tullia Aragona, est rendu à Bidelli.

Le petit volume des Diverse rime apparaît plus comme une collection de pièces disparates que comme un recueil organiquement construit. Les pièces adressées à des dames développent des thèmes mondains, voire frivoles, la célébration d’un petit chien ou d’un cheval ; elles étaient probablement destinées à une lecture en société et pouvaient être prisées pour leur virtuosité stylistique. Une même virtuosité dans l’usage du répertoire pétrarquiste donne toutefois une certaine cohérence à l’ensemble : ainsi le capitoloSe ’l tempo che mi mena al fin degli anni…’ (f. C2) dans lequel chacun des 46 vers qui le composent contient le substantif tempo, ou le capitoloZeffiro spira e ’l dolce tempo mena…’ (f. C3 v°) qui présente une anaphore de l’incipit. De ce point de vue, la virtuosité de Bidelli peut être rapprochée du maniérisme exacerbé d’auteurs plus tardifs, tel Luigi Groto, même s’il lui manque une véritable outrance et probablement une véritable énergie de la pensée, sa poésie ne sortant pas du cadre de l’exercice mondain.

Francesco Marcolini, de Forlì, était établi à Venise comme libraire, avant d’ouvrir une imprimerie en 1535 nella contrada di San Apostolo. Sa production fut limitée, de 1535 à 1545, puis de 1550 à 1559, après un séjour à Chypre, où il exerça les fonctions de cavaliere del Podestà. Durant la seconde période, il prit en charge les publications de l’Accademia dei Pellegrini, fondée par Doni. Ses impressions étaient en revanche particulièrement soignées, employant la belle italique gravée par Giovanni Britto, et souvent illustrées [12].

Hauteur 166 mm. Cartonnage bradel bleu (reliure du XIXe siècle).

→ Quadrio, II, 241 ; Vaganay, 1551, n° 2 ; Casali, p. 189-190, n° 82 ; Fowler, p. 226 ; BL, 104 ; Ascarelli-Menato, p. 369-370 ; Panizzi, 742 ; Edit16 (15 exemplaires).

[1Ippolita Gonzaga (1531-1563), fille de Ferrante I Gonzaga, seigneur de Guastalla, duc d’Ariano, et d’Isabella di Capua ; elle épousa en 1548 Fabrizio Colonna († 1551), duc de Paliano, puis en secondes noces, Antonio Carafa, duc de Mondragone.

[2Isabella di Capua, qui avait épousé en 1530 Ferrante Gonzaga (1507-1557), duc d’Ariano et seigneur de Guastalla, à qui elle apporta la principauté de Molfetta.

[3Originaire de Sienne, épouse de Ventura Venturi, Onorata Tancredi se fixa à Naples en 1549, où elle entra au service d’Isabella di Capua, princesse de Molfetta. Elle fut liée à Vittoria Colonna la jeune et célébrée par divers poètes, parmi lesquels Luca Contile, Alessandro Piccolomini, Lattanzio Benucci et Giulio Bidelli.

[4Marguerite d’Autriche (1522-1586), fille naturelle de Charles-Quint, épousa en premières noces Alessandro de’ Medici, premier duc de Florence (assassiné en 1537), puis en secondes noces, en 1538, Ottavio Farnese, créé duc de Camerino en 1540 ; elle fut gouvernante de Pays-Bas de 1559 à 1567.

[5Fils de Pier Luigi Farnese et de Girolama Orsini, Ottavio Farnese (1524-1585), préfet de Rome en 1538, duc de Camerino, devint duc de Parme et Plaisance en 1547.

[6Isabella Trivulzio, épouse de Giampaolo Melli Lupi († 1543), 2e marquis de Soragna, ou sa belle-fille, Cassandra Marinoni, épouse, en 1550, de Diofebo Meli Lupi, ambassadeur pour le duc de Parme.

[7François de Coligny (1521-1569), seigneur d’Andelot, frère du futur amiral de Coligny. Il avait été fait prisonnier des Impériaux au cours du siège de Parme, et fut interné à Milan en 1551.

[8On ne connaît pas de personnage de ce nom dans la branche des Visconti di Saliceto. Il s’agit peut-être de Margherita, fille de Galeazzo Visconti, seigneur de Fontaneto, épouse de Bernabò Visconti († 1552), seigneur de Brignano, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel.

[9Mort en 1545, fils d’Ottavio Farnese et de Marguerite d’Autriche.

[10Alfonso d’Avalos (1502-1546), 2e marquis del Vasto, marquis de Pescara, premier prince de Francavilla ; capitaine général de l’infanterie espagnole en Italie, vainqueur à Tunis, gouverneur de Milan entre 1538 et 1546 ; il fut vaincu à Cérisoles par le duc d’Enghien. Le marquis d’Avalos, un des grand capitaines de son temps, était le cousin de Ferdinando Francesco d’Avalos, marquis de Pescara, sous qui il exerça ses premiers commandements et dont il hérita du titre. Il avait épousé Maria d’Aragona (1503-1568), fille du duc de Montalto.

[11Peut-être Giulia, fille du chevalier Alfonso Visconti, seigneur de Saliceto, sénateur de Milan, et d’Antonia Gonzaga di Sabbioneta ; elle avait épousé en 1534 Carlo Scaramuccia Visconti Aicardi, comte de Bronno.

[12Sur ce libraire, voir A. Quondam, « Nel giardino del Marcolini. Un editore veneziano tra Aretino e Doni », GSLI, CLVII, 1980, p. 75-116.

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