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BOCCACCIO (Giovanni), Amorosa visione (1521)

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AMOROSA/ visione/ Di messer Giou. Bocc. nuouamen-/te ritrouata, nella quale si co[n]-/te[n]gono cinq[ue] Trium-/phi cioe :/ Triumpho di sapientia, di Gloria, di Ricchezza,/ di Amore, e di Fortuna./ apologia/ Di. H. Claricio Immol. contro Detrattori/ della Poesia del Bocc./ Osseruationi di uolgar gram[m]atica/ del Bocc.

[souscription] in aedibvs zanotti/ Castellionei Impensa. D. Andreæ Calui/ nouocom. accurate Impressi. M[i]l[an]i./ Mens[e] F[ebruari] Die. x. MD.XXI.

Deux parties en un volume in-4° [110] feuillets signés ( )4 A-X4 a-d4 e6 non chiffrés ; e6 blanc ; A2 mal signé B2. Lettrines ; caractères romains.

Rarissime édition princeps de l’Amorosa visione de Boccace, connue jusqu’alors par la seule tradition manuscrite. Elle a été procurée par Girolamo Claricio [1] (c. 1480-1522), et dédiée par le libraire Andrea Calvo à Giovanni Filippo da Roma. Boccace avait composé en 1342-1343 une première version de son poème allégorique en terza rima, connue par huit manuscrits. Claricio publia un autre texte, remontant probablement à une révision due à Boccace lui-même, datable des années 1355-1360.

Le poème, en cinquante chants, construit selon un complexe système d’acrostiche, évoque une vision dédiée à Fiammetta, pseudonyme probable de Maria d’Aquino, fille naturelle de Robert d’Anjou ; le narrateur, perdu sur une plage déserte, rencontre une dame, symbole de la fortitude ou de la vertu, qui le conduit dans un château, dont les salles sont ornées de fresques illustrant le triomphe de la Sagesse, de la Gloire, de la Cupidité, de l’Amour, de la Fortune. Le narrateur comprend la nature des biens mondains et en allant contempler les réalités éternelles, il éprouve l’amour véritable. Ample répertoire de l’allégorie médiévale, enrichi de la tradition mythographique à laquelle s’était voué Boccace dans ses travaux érudits, le poème se rattache expressément à Dante. Pétrarque le lut et s’en inspira pour ses propres Trionfi. Le texte est suivi d’une Apologia de Claricio célébrant la poésie de Boccace et répondant à une polémique contre Boccace en justifiant la place de celui-ci, comme illustration du style bas, dans une tripartition classique des styles, à côté de Dante et de Pétrarque, illustrant les styles sublime et moyen. L’édition milanaise de 1521 fut suivie de trois réimpressions, publiées à Venise, en 1531 (Nicolò Zoppino), en 1549 et en 1558 (Gabriele Giolito).

Le volume a été imprimé par Giovanni (Zanotto) da Castiglione, actif à Milan entre 1505 et 1523, pour le libraire Andrea Calvo. Celui-ci, originaire de Menaggio, exerça à Milan entre 1520 et 1543. Son activité fut entrecoupée de poursuites pour diffusion de livres hérétiques et de fuites plus ou moins longues à l’étranger. Calvo exerça également les fonctions de secrétaire de Massimiano Stampa. Il publia une dizaine de titres entre 1521 et 1523, dont l’Ameto de Boccace.

Hauteur : 207 mm. Vélin ancien (remboîtage).

→ Brunet, I, 994 ; BL, 109 (2 exemplaires) ; DTE, I, 233-234 (Calvo) ; 275-276 (Castiglione) ; Edit16 (29 exemplaires, auxquels il convient d’ajouter l’exemplaire de la Fondazione Sapegno, Aoste).

[1Humaniste originaire d’Imola, Girolamo Claricio (c. 1480-1522), enseigna dans des familles patriciennes de Milan et collabora avec le libraire Andrea Calvo et l’imprimeur Zanotto da Castiglione ; il procura une édition de la version italienne de la Celestina de Fernando de Rojas, sous le titre de Tragicomedia di Calisto e Melibea (Milan, 1514), ainsi que l’Ameto de Boccace (1520).

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