RIME DI M./ gio. agostino/ cazza gentilhvo/mo novarese detto/ lacrito nell’a-/cademia de i Pastori./ [fleuron]/ Con Gratia & Priuilegio./ [marque : de la mia morte/ eterna/ vita i[sic] vivo.]/ In Vinegia Appresso Gabriel/ Giolito de Ferrari./ m d x l vi.
In-8° [96] feuillets signés A-M8 chiffrés 94 [II] ; la signature A2 imprimée à l’envers ; 81 mal chiffré 18, 90 non chiffré. Marque sur le titre (45 mm) ; lettrines ; caractères italiques.
Première édition des Rime de Caccia, dédiée à Filippo Tornielli, chef d’une des principales familles de Novare [1]. Les intérêts lettrés de Tornielli furent partagés par sa fille Livia Tornielli Borromeo [2], qui animait un cercle littéraire à Milan et fut elle-même poétesse ; Lodovico Domenichi la célébra, en évoquant dans ses Ragionamenti sulle imprese l’emblème qu’il composa pour elle, et Giovanni Battista Gelli lui dédia certaines de ses leçons sur Pétrarque, publiées en 1551. Caccia lui adressa un sonnet consolatoire sur la mort d’un de ses fils.
Le recueil des Rime est constitué d’un canzoniere et de pièces mondaines, 165 pièces dont 148 sonnets, 6 canzoni, 3 sestine, 4 madrigaux et 4 pièces en octaves, suivies de 10 capitoli. Les pièces sont adressées à Monna Belcolore, Lodovico Birago [3], Giambattista Castaldo (2), au pastor Passonico, Giacomo Maria Stampa [4], au comte Filippo Tornielli (2), à Giovanni Giacomo Tornielli (2), Tornielli fisico, Tornielli, gouverneur de Novare, Lucrezia Visconti da Fontanè [sic pour Fontaneto] [5].
Cette compilation de pièces variées, combine une inspiration générale pétrarquiste avec des éléments bucoliques et des accents réalistes marqués. De nombreuses pièces sont en fait étrangères au strict pétrarquisme bembien et témoignent par leurs thèmes et leur lexique, où prédominent les termes de la conversation courante, de la vigueur de cette poésie, qui chante en une apparente naïveté, les joies de la vie simple et le refus des occupations sociales, « Io mi chiamo Lacrito e son pastore » (f. 15 v°), qui déplore la disette du poète malade, alors que les aubergistes se goinfrent (f. 38 v°) ou ses soucis pécuniaires (f. 26 v°). Les sonnets pastoraux semblent même voués à la parodie et à l’inversion comique des lieux communs du pétrarquisme, ainsi le sonnet ‘Quando le mie vacche e le mie capre mongo…’ (f. 6), dans lequel les mugissements et les bêlements rappellent au poète la voix de la dame aimée. Ces éléments comiques indiquent une certaine affinité entre la poésie de Caccia et l’esprit de l’Accademia dei Pastori ou celle degli Ortolani, animée à Plaisance par Bartolomeo Gottifredi et Lodovico Domenichi, avec lesquels Caccia semble avoir été lié, ainsi qu’en témoigne le sonnet ‘Pastor, cantate pur le belle lode…’ (f. 36), adressé aux Ortolani.
Les choix métriques de Caccia confirment également la distance prise avec le pétrarquisme bembien. A côté du sonnet, qui reste prépondérant, le poète fait usage de formes peu communes, ainsi deux canzoni terzine (‘Chi have il cor de sì indurato ghiaccio ?…’ et ‘Lasso, madonna è morta et io son vivo…’) et les six autres canzoni, toutes très éloignées des schémas pétrarquiens. Les capitoli satiriques, adressés à des personnalités de Novare, annoncent, sous une forme légèrement différente, le volume que Caccia allait publier en 1552. Le recueil se conclut sur deux églogues, l’Erbusto et la Filena, qui développent le thème pastoral sur un mode comique, et qui sont considérées comme les meilleures pièces du poète.
Hauteur : 153 mm. Cartonnage moderne ; quelques feuillets restaurés.
Provenance : étiquette de la librairie Bredford, Lugano.
→ Brunet, I, 1707 ; Bongi, I, p. 125 ; Vaganay, 1546, n° 1 (indique 146 sonnets) ; Hastings Jackson, 185 (édition in-4°) ; BL, 163 ; Ascarelli-Menato, p. 373-375 ; Panizzi, 1033 ; Sul Tesin, I.13 ; Edit16 (23 exemplaires).