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COLONNA D’AVALOS (Victoria, marquise de Pescara), Rime (1538)

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RIME DE LA DIVINA/ vittoria colonna/ marchesa di/ pescara./[fleuron]/ Nouamente Sta[m]pate Con Priuilegio.

[souscription] Stampato in Parma Con Gratia e Priuilegio/ Nel m d xxxviii.

In-8° [44] feuillets signés A-L4 non chiffrés, le dernier blanc. Une lettrine ; caractères italiques.

Première édition des Rime de Vittoria Colonna, procurée par Filippo Pirogallo. Les 145 pièces du recueil, « incorettissime, e di pessima forma di carta », selon Bembo dans une lettre à Carlo Gualteruzzi du 8 novembre 1538 [1], ne suivent pas l’ordre que leur aurait donné leur auteur, ainsi qu’en témoignent 9 sonnets qui sont en fait dus à d’autres poètes, mais un simple classement par formes, les sonnets puis les deux canzoniSpirto gentil, che sei nel terzo giro’, et ‘Mentre la nave mia, lunge dal porto’. La disposition se range au modèle pétrarquien en situant in fine, à partir de la pièce 132, les sonnets spirituels, après le canzoniere contenant çà et là des pièces de sujet divers, sonnets politiques ou de correspondance, à Paolo Giovio, sur la mort de Sannazar, et à Francesco Maria Molza. Le premier sonnet toutefois a valeur d’un incipit qui déclare que le recueil ne cherche pas à chanter la gloire de l’époux défunt, mais simplement épancher une douleur que ni temps ni raison ne sauraient modérer, un chant produit par des larmes et des soupirs.

La poésie de Vittoria Colonna repose tout entière sur l’expérience fondatrice de la mort de son époux, Ferrante Francesco d’Avalos [2], en décembre 1525. Les vers d’amours sont des vers funèbres, constituant un long monologue sans réponse, « insane/ Desir senza speranza » de récompense. La marque personnelle de Vittoria Colonna ne se trouve pas dans un raffinement particulier ni dans une expérimentation formelle. Elle provient d’un effet d’éthos donnant à sa poésie une totale véracité de sentiments et d’affections : le souvenir d’un passé heureux, la force de l’amour, qui exclut tout autre amour, la mémoire de l’époux disparu, la célébration de ses exploits et de sa vertu qui rend vain l’effort des autres poètes à les célébrer, la douleur sans remède, la conscience que le monde est dépourvu de toute valeur après la disparition de celui qui les incarnait toutes, le désir de le retrouver, qui conduit l’esprit à s’élever vers les cieux, ici exprimé à travers une rare référence mythologique (‘Di Phetonte l’ardir, d’Icar le piume’), un désir qui est désir de se libérer du corps, un désir de mourir et de trouver dans l’au-delà la véritable félicité.

Le volume a été imprimé à Parme, par Antono Viotti, imprimeur épisodique en 1508 et 1518, qui prit la succession de Francesco Ugoletto et eut une production active entre 1530 et 1544.

Hauteur : 149 mm. Demi-vélin, coins, plats de papier peint, tranches bleues (reliure ancienne) ; à la suite, Sannazaro, Rime, Giunta, 1533, voir ce volume.

Provenance : cachet au chiffre GM sur le titre.

→ Vaganay, 1538, n° 3 ; BL, 191 ; Ascarelli-Menato, p. 79 ; Edit16 (14 exemplaires).

[1P. Bembo, Lettere, éd. E. Travi, Bologna, Commissione er i testi di lingua, 1993, t. IV, p. 141.

[2Né en 1489, Ferrante Francesco d’Avalos, marquis de Pescara, était fils d’Alfonso d’Avalos et de Diane de Cardona ; fait prisonnier à Ravenne en 1522, il commanda l’infanterie impériale à la bataille de la Bicoque (1522), et fut l’un des vainqueurs de François Ier à Pavie (février 1525). Il mourut de phtisie la même année.

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