CARMINA/ qvinqve illvstrivm/ poetarvm,/ Quorum nomina in sequenti/ charta continentur./ Cum priuilegio ad decennium./ [marque]/ venetiis,/ EX OFFICINA ERASMIANA/ VINCENTII VALGRISI :/ m. d. xlviii.
In-8° [140] feuillets signés A-N8 O10 P-R8 S2 paginés 275 [V] ; 209 non paginé. Marque sur les titres et au verso du dernier feuillet (58 mm) ; caractères italiques.
Première édition des Carmina quinque illustrium poetarum, le principal recueil de poésie néo-latine d’auteurs italiens de la Renaissance. Publié à l’initiative de Marcantonio Flaminio [1] (1498-1550), le volume réunit, outre les poemata de celui-ci, les œuvres latines du cardinal Pietro Bembo (1470-1547), d’Andrea Navagero (1483-1529), de Baldassare Castiglione (1478-1529), et de Giovanni Cotta [2] (1479-1510), poète originaire de Vangaditta di Legnano, près de Vérone, secrétaire de la famille napolitaine Guevara, puis de Bartolomeo d’Alviano.
Une première partie contient 11 pièces de Bembo, dont le poème Benacus, une pièce de 24 vers sur le pontificat de Jules II [3], les épitaphes de Longueil [4], Leonicus [5], Sannazaro [6]. Suivent 43 pièces d’Andrea Navagero, dont trois longs poèmes, Acon, Damon, Iolas, deux pièces traduites de Philémon et de Ménandre. On trouve douze pièces de Castiglione, dont Alcon, Cleopatra, une prosopopée de Ludovico Pico della Mirandola [7], De Elisabella Gonzaga canente, une longue pièce adressée à Ippolita Torelli, épouse du poète, une épigramme sur la mort de Raphael Pictor [Raphaël d’Urbin] [8]. Suivent enfin huit pièces de Cotta dont un poème adressé à Navagero et un poème sur une victoire remportée par Bartolomeo d’Alviano [9].
La part la plus importante est réservée à Marcantonio Flaminio, dont les poemata sont répartis en quatre livres : le livre I, dédié à Francesco della Torre, de Vérone [10], contient 39 pièces diverses, certaines adressées à Philippus Obermair, Filippo Beroaldo le jeune [11], le cardinal Reginald Pole [12], Andrea Navagero, le cardinal Gasparo Contarini, Achille Bocchi [13], Blosius Palladius [Blosio Palladio] [i] ; pièces sur la mort de sa mère, Veturia et ses frères Julius et Faustus, de Giovanni Antonio Flaminio, son père, de Matteo Giberti, évêque de Vérone. Le livre II contient 51 épîtres adressées au cardinal Alessandro Farnese, Romulus Amaseus [Romolo Amaseo] [14], Hieronymus Bagius, Ubaldinus Bandinellus [Baldo Bandinelli], Mario Bandini, Ulysses Bassianus, Lodovico Beccadelli [15], Trifone Benzi, Joannes Franciscus Binus [Giovanni Francesco Bini] [16], Fabritius Brancatius, Ferrandus Brancatius, Ludovico Canossa [17], Petrus Carnesecus [Pietro Carnesecchi] [18] (2), Giovanni della Casa, le cardinal Gregorio Cortesi [19], Mattaeus Dandulus [Matteo Dandolo], Antonius Faita, Honoratus Fascitellus [Onorato Fascitello], Uberto Foglieta, Girolamo Fracastoro, Adamo Fumano, Marius Galeota, Philippus Gerius, Vicentius Gerius, Christophe Longueil, Bernardus Maphaeus [Bernardino Maffei] (2), Antonio Massa [20], Mirandula, Nicolaus Ormanetus, Blosio Palladio (2), Octavius Pater, Jacobus Peregrinus, Galeatius Florimontanus Philaletes [Galeazzo Florimonte] Hieronymus Pontanus, Aloisius Priulus [Alvise Priuli] Donatus Rullus, Dominicus Saulus, Stephanus Saulus [Stefano Sauli], Hieronymus Seripandus [Girolamo Seripandi], Ludovicus Strozza [Ludovico Strozzi], Laelium Torellus, Franciscus Turrianus [Francesco della Torre], Hieronymus Turrianus [Girolamo della Torre], Raimundus Turrianus [Raimondo della Torre], Carolus Valterutius [sic pour Gualterutius ; Carlo Gualteruzzi] [21], Pier Vettori, Petrus Vipera, Basilio Zanchi. Le livre III renferme 44 pièces diverses, dont 27 lusus pastorales, un éloge d’Alessandro Farnese, des pièces adressées à Antonio Giberti, au cardinal Benedetto Accolti [22], au cardinal Nicola Rodulphus [Nicolò Ridolfi] Franciscus Molsa [Molza]. Le livre IV contient 23 pièces diverses. Aux poemata s’ajoutent une paraphrasis in Psalmos du même, traduction latine des psaumes i, iii, vi, xi, xii, xiii, xv, xxxiii, xxx, xlii, c, cxiii, cxxiii [sic pour cxiiii], cxx, cxxi, cxxii, cxxiii, cxxiiii, cxxv, cxxvi, cxxvii, cxxviii, cxxix, cxxx, cxxxi, cxxxii, cxxxiii, cxxxiiii, cxxxvii, cxliiii.
Des pièces de Bembo, seuls les poèmes Benacus, Pro Goritio et l’Hymnus ad Divum Stephanum avaient déjà été publiés (pour le premier, voir P. Bembo, Benacus, s.l.n.n., [Venise ou Vérone], s.d.). De même, toutes les pièces de Castiglione paraissent ici pour la première fois, à l’exception de Ad puellam in litore ambulantem et les épitaphes, déjà publiées (Venise, Bindoni, 1530). Six pièces de Cotta avaient déjà fait l’objet d’une première publication (Venise, Bindoni, 1530), et dans les Doctissimorum nostrae ætate Italorum Epigrammata (Paris, N. Le Riche, s.d., voir ce volume). Les Lusus de Navagero, d’inspiration pastorale, avaient été publiés en 1530 (Venise, Tacuino), dans une édition confidentielle procurée par les amis de l’auteur après la mort de l’auteur (voir A. Navagero, Orationes duae, Venise, G. Taccuino, 1530) et repris dans le recueil parisien de Nicolas Le Riche, ainsi que les deux livres de carmina de Flaminio, dont quelques pièces avaient été publiées en 1515 (Fano, Soncino) et en 1529, avec les Odæ de Sannazaro (Venise, Valgrisi). Sa Paraphrasis et l’Explanatio sur les Psaumes répondaient aux instances du cardinal Farnese ; Flaminio, encouragé par Alvise Priuli, aurait traduit en vingt-huit nuits les trente psaumes les plus court. Cette traduction, avant d’être recueillie dans ce volume, avait été publiée par les soins de F. Spinola, en 1546 à Venise, chez Valgrisi, et à Paris, puis en 1548 à Bâle et à Lyon, chez Gryphius, avec deux premiers livres de Carmina. La mise à l’index de cette traduction par Paul IV, en 1559, après la mort du poète, suspecté de protestantisme, n’empêcha pas un exceptionnel succès : elle connut plusieurs éditions procurées par Cesare Flaminio, le neveu de l’auteur, en particulier à Lyon (G. Rouillé, 1569 et 1576, voir ce volume), Bâle, Anvers et Nuremberg. Les pièces spirituelles de Flaminio furent adaptées en français par Anne des Marquets et publiées en une édition bilingue, Les divines Poésies de Marc Antoine Flaminius contenant diverses prières, méditations, hymnes et actions de graces à Dieu (Paris, N. Chesneau, 1568) [23].
Le volume des Carmina quinque illustrium poetarum, régulièrement augmenté, fut réédité à Florence (Torrentino, 1549, 1552) et à Venise (Girolamo Giglio, 1558). Il connut un grand succès, en Italie et en France. Dans un de ses poemata, Estienne de La Boétie remercie son ami Jean Belot de lui avoir envoyé un exemplaire du livre.
Hauteur : 164 mm ; demi-maroquin, dos à cinq nerfs, coins, tranches peignées (Petit successeur de Simier).
→ Brunet, I, 1586 ; G. Oberlé, Poètes néo-latins en Europe (XIe-XXe s.), n° 16 (cet exemplaire) ; Ascarelli-Menato, p. 375-376 ; Edit16 (61 exemplaires).