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DELLA CASA (Giovanni), Rime e prose (1558)

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RIME, ET PROSE/ di m. giovanni/ della casa./ [fleuron]/ Con le Concessioni, & Priuilegij/ di tutti i Prencipi./ [fleuron]/ impresse in vinegia,/ per nicolo bevilacqva,/ nel mese d’ottobre./ m. d. lviii.

In-4° [92] feuillets signés a4 b2 A-X4 Y2 paginés [XII] 170 [II] ; (65-80) mal paginées 69-84 ; fleurons typographiques ; lettrines ; caractères romains.

Première édition collective des œuvres de Della Casa, procurée par Erasmo Gemini de Cesis [1], ancien secrétaire du poète, et imprimée à ses dépens ; le manuscrit Magliabechiano VII. 794, contenant les rime du poète est précisément de la main de Gemini. Le volume imprimé, dédié à Girolamo Quirini, l’exécuteur testamentaire de Bembo, fut l’objet d’une interdiction par Pie IV ; dans une de ses lettres, Bernardo Tasso se plaignait déjà de la difficulté de trouver un exemplaire. Certaines rares pièces avaient connu une publication séparée dans les anthologies (ainsi le sonnet ‘Cura, che di timor ti nutri…’ dans les Rime diverse de 1545) ; les autres avaient été composées lors du séjour vénitien du poète, entre 1551 et 1555. L’édition publiée par les Giunti en 1564 ajouta dix sonnets de jeunesse.

Le recueil contient 64 pièces, 59 sonnets, 4 canzoni, une sextine. Parmi les pièces, des sonnets adressés à Girolamo da Corregio [2], Cosimo Gerio [Gheri], évêque de Fano, Francesco Nasi, Girolamo Quirini, Elisabetta Quirini [3], Titien [4], le cardinal de Trente [5] ; deux pièces en mémoire de Marcantonio Soranzo [6], ainsi que 8 sonnets adressés à Della Casa, par Bembo, Bernardo Cappello (3), Jacopo Marmitta (2), Berardino Rota, Benedetto Varchi, et les sonnets correspondants de Della Casa. Les sonnets ‘Mentre fra valli paludose et ime…’ et ‘Solea per boschi…’ adressés à Cappello sont repris avec quelques variantes dans les Rime de celui-ci (1560, voir ce volume, p. 266-267), où figurent les trois sonnets de Cappello, ‘Casa gentil’, ‘Casa, che ’n versi…’, et ‘O chi m’adducce…’ (p. 113-114).

Della Casa, tout en partant de la leçon offerte par Bembo, réussit à rester à distance du strict modèle pétrarquien, pour développer une poésie de style sublime, fortement dramatisée par le jeu des enjambements et des hyperbates. Le poète, selon le jugement de Giambattista Vico, surprend son lecteur par le sublime de son expression, l’ampleur du rythme, la grave et sévère ordonnance du style.

Outre les Rime et l’Oratione adressée à Charles-Quint, cette édition contient le traité du Galateo, composé entre 1551 et 1555, et qui passa longtemps pour le livre en prose italienne le mieux écrit après le Decamerone de Boccace. Dans son avis au lecteur, Gemini rappelle que le Galateo était issu des conversations que Della Casa avait eues à Rome, vers 1550, avec Galeazzo Florimonte (1478-1567), évêque de Sessa, auteur lui-même d’un Ragionamento sopra la filosofia morale d’Aristotele (1554), en souvenir du modèle de parfaite civilité chrétienne donné par l’évêque de Vérone, Gian Matteo Giberti. Le traité, dont le titre reprend le prénom de Florimonte, présente les conseils que donne un vieux gentilhomme à un jeune homme. Il connut quarante-cinq éditions au XVIe siècle, et fut traduit deux fois en français, par Jean du Peyrat (Paris, J. Kerver, 1562) et par Jean de Tournes, qui publia une édition en quatre puis en cinq langues, en 1598 et 1609.

Selon Renouard, le volume des Rime e prose aurait été imprimé « non seulement avec les caractères que Paul Manuce venoit de fournir pour le service de l’Accademia venitienne et dont plusieurs lui étoient venus de Paris, mais aussi avec les lettres gravées en bois par lui, employées pour ce même service ». En fait, le volume est imprimé par Nicolò Bevilacqua, originaire de Termenago près de Trente, apprenti chez Paolo Manuzio, et établi à son compte entre 1554 et 1573, jusqu’à son départ pour Turin. Bevilacqua racheta le matériel de Marcolini en 1559.

Hauteur : 222 mm. Parchemin à recouvrements, lacets verts (reliure moderne).

→ Renouard, p. 175-176 ; Gamba, 278 ; Brunet, I, 1610 ; Vaganay, 1558, n° 2 ; Hastings Jackson, 784 ; Santossuosso, n° 19 (cite 14 exemplaires) ; BL, 152 (2 exemplaires) ; Ascarelli-Menato, p. 395-396 ; Panizzi, 1816 ; DTE, I, 127-128 ; Edit16 (66 exemplaires).

[1Originaire de Spolète, il avait succédé en 1545 à Francesco Nolfo en tant que secrétaire de Della Casa.

[2Nonce extraordinaire en France en 1540 et 1545, Girolamo da Correggio (1511-1572) fut créé cardinal en 1561. Il était fils de Giberto VII, seigneur souverain de Correggio, et de Veronica Gambara.

[3Elisabetta Quirini Massolo, sœur de Girolamo Quirini, objet de la dernière passion de Bembo.

[4Le Titien avait peint un premier portrait d’Elisabetta Quirini en 1543, attesté par une lettre de l’Arétin. Il exécuta un second portrait, évoqué par Della Casa dans une lettre du 23 mai 1545 à Carlo Gualteruzzi. Ces deux portraits ont disparu.

[5Cristoforo Madruzzo (1512-1578).

[6Mort en 1536 ; Della Casa lui avait adressé le Forno.

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