PARADOXES,/ Avtrement,/ Propos contraires à l’opinion de la plus/ part des hommes./ Liure non moins profitable/ que facetieux./ [marque : ΓΑΡΟΝΤΑ ΚΑΙ ΜΕΛΛΟΝΤΑ]/ a roven,/ Chez Nicolas Lescvyer,/ demeurant à Laistre nostre/ Dame, à la Prudence./ M.D.Lxxxiii.
In-16 [224] feuillets signés A-Z8 Aa-Ee8 chiffrés [IV] 1-165 167 167-169 171 171-220. Marque sur le titre (31 mm) ; bandeau aux têtes de chiens et rinceaux ; bandeau typographique ; caractères romains.
Ortensio Lando avait publié ses Paradossi en 1543, à Lyon (Giovanni Pullon da Trino), en une édition anonyme, qui fut réimprimée à Venise, en 1544 et en 1545, en plusieurs états. Il avait défini son œuvre comme une collection de facéties et de bizarreries, développant des vérités contre l’opinon commune (qu’il vaut mieux être pauvre que riche, laid que beau, ignorant que savant, etc…), en mettant en évidence leur aspect ludique cachant un sens moral, dans la tradition de la facetia humaniste. L’ouvrage, publié sur les encouragements du comte Collaltino di Collalto, était dédié à Cristoforo Madruzzo, prince-évêque de Trente, et pour la seconde partie, à l’évêque de Catane, Cola Maria Caracciolo. En 1553, Charles Estienne [1] (c. 1500-1564) en donna une version ou plutôt une adaptation française. Rattachant le genre à celui des exercices rhétoriques des avocats, il francisa le texte jusque dans son détail. Il supprima en particulier le paradosso xi (Non deve essere cosa detestabile ne odiosa la moglie dishonesta) et les quatre dernières pièces, consacrées à Aristote, Cicéron et surtout Boccace (Che l’opre di Gioan Boccaccio non sieno degne d’esser lette (ispecialmente le dieci giornate). Cette première version (Paris, Charles Estienne, 1553) contenant 25 pièces, connut un grand succès et fut plusieurs fois réimprimée (11 fois entre 1553 et 1559) ; elle fut augmentée en 1561 d’un Paradoxe que le plaider est choses tres-utile, et necessaire à la vie des hommes, et connut une édition définitive, en 1583, avec l’ajout de deux paradoxes supplémentaires : Louange de la Folie et Que la vraye richesse consiste en vertu et en contentement (cette pièce ne figure pas dans la table des chapitres). Ces dernières pièces ne sont pas de Charles Estienne ; la première est une traduction par Jean du Thier, parue une première fois en 1566, de La Pazzia (Venise, 1540), paraphrase de l’Encomium Moriæ d’Erasme, attribuée à Ortensio Lando, mais aussi parfois à Vianesio Albergati ou Ascanio Persio.
Hauteur : 112 mm. Maroquin rouge, dos long, orné d’un décor de feuillage doré, triple filet doré encadrant les plats, filet sur les coupes, tranches dorées, gardes marbrées (reliure française du XVIIIe siècle).
Provenance : signature du XVIe siècle sur le titre Brunneau ; inscriptions au crayon sur une garde : Singers Sale lot 125, et Marquis de Persan [Anne-Nicolas Doublet, marquis de Persan, conseiller au parlement de Paris en 1748, maître des requêtes en 1754].
→ Brunet, IV, 361 ; Peach, p. 43 (recense 3 exemplaires).