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LOMAZZO (Giovanni Paolo), Rime (1587)

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RIME/ di gio. paolo lomazzi/ milanese pittore,/ diuise/ In sette Libri./ Nelle quali ad imitatione de i Grotteschi vsati da’ pittori, ha cantato/ le lodi di Dio, & de le cose sacre, di Principi, di Signori,/ & huomini letterati, di pittori, scoltori, & architetti,/ et poi/ Studiosamente senza alcun certo ordine, e legge accopiato insieme/ vari & diuersi concetti tolti da Filosofi, Historici, Poeti,/ & da altri Scrittori./ dove si viene a dimostrare/ La diuersità de gli studi, inclinationi, costumi & capricci de/ gli huomini di qualunque stato, & professione ;/ Et pero intitolate Grotteschi, non solo diletteuoli per la varietà de le/ inuentioni, ma vtili ancora per la moralità che vi si contiene./ con la vita del avttore/ descritta da lui stesso in rime sciolte./ [fleuron]/ in milano,/ Per Paolo Gottardo Pontio, l’anno 1587./ Con licenza de Superiori.

Grand in-8 [312] feuillets signés A-Z8 2A-2O8 paginés (1-2) 3-32 (33-34) 35-78 (79-80) 81-143 (144-146) 147-206 (207-208) 209-296 (297-298) 299-405 (406) 407-497 (498) 499-518 (519-520) 521-560 [XXXII]. Titre particulier pour chacune des huit parties du livre ; portrait de l’auteur, dans un ovale sur chaque titre (99 mm ; Zappella, Ritratti, 204 ; le portrait est repris d’une médaille gravée par Annibale Fontana) ; bandeaux typographiques et fleurons ; caractères italiques et romains.

Recueil des œuvres poétiques du peintre Giovanni Paolo Lomazzo, dédié à Charles-Emmanuel, 11e duc de Savoie (1562-1630), fils d’Emmanuel Philibert et de Marguerite de France, duchesse de Berry, duc depuis 1580. Lomazzo avait déjà dédié au duc son Trattato dell’arte della pittura, scoltura et architettura, publié à Milan, en 1584. Le volume réunit près de 850 pièces, pour la plupart des sonnets caudati ; un sonnet est en dialecte milanais. En plus de la vita dell’auttore en endecasillabi sciolti sur laquelle il s’achève, le recueil, probablement transcrit par Fazio Galerani sous la dictée de l’auteur, constitue dans son ensemble une sorte de biographie poétique, organisée paradoxalement sur le motif pictural des grotesques, mélange des genres et des styles, abolissant la hiérarchie des formes. Ce motif avait été redécouvert lors des fouilles de la domus aurea de Néron ; Lomazzo transféra à la poésie sa richesse thématique et formelle. La référence aux Sonetti de Burchiello, lus avec le commentaire de Doni, et à Berni est partout évidente, mais aussi celle, macaronique, de Folengo. Lomazzo développe dans ses pièces une invention verbale infinie, mettant en jeu les traditions les plus diverses et capables de troubler le lecteur par le passage incessant des mots aux images. Les Rime sont divisées en 7 livres, comme le Trattato dell’arte della pittura, selon « l’ordine della dottrina », une division artificielle qui met en évidence une volontaire confusion des thèmes.

Le premier livre contient 70 sonnets, traitant d’un sujet religieux ou moral. Le livre II est dédié à l’univers des arts ; il contient 111 pièces à la louange de princes et d’artistes : Pie IV [1], Ferdinand d’Autriche [2], Maximilien, fils du précédent [3], l’impératrice Marguerite d’Autriche [4], Philippe [II] d’Espagne, Henri [III], roi de France, Philibert, duc de Savoie [5], Ferrante Francesco, marquis de Pescara [6] ; des peintres Alessandro Ardente [7], Camillo Baccaccino [8], Federico Barozzi [9], Giacobo Bassani [10], Paolo Cagliari [11], Polidoro Caldara [12], Berardino Campi [13], Luca Cangiaso [14], Caterina Cantona, Giorgio da Castelfranco, Girolamo Chiocca, Antonio da Coreggio [15], Raffaello Crespo, Agosto Decio, Albrecht Dürer, Gaudenzio Ferrari [16], Ambrogio Figino [17], Girolamo Figino, Francesco Flor[entino], Bernardo Lanino [18], Léonard de Vinci, Aurelio Lovino (2), Bernardo Lovino [19], Andrea Mantegna [20], Francesco Mazzolino [21], Francesco Melzo [22], miniaturiste, Michel-Ange, Giacobo Palmaeta [23], Pelegrino Pelegrini, Simone Petenzano [24], Raphaël, Romolo Fiorentino, Ottavio Semin [25], Cesare Sesti [26], Giacobo Tintoretto, Titien, Perino del Vaga [27], Antonio Maria Vaprio ; Scipione Delfinone, brodeur ; les sculpteurs Francesco Busca, Annibal Fontana [28], Leone Leoni [29], d’Arezzo (2), Michel-Ange, Giacobo Trezzo, Giovanni Battista Panzè dit Zarabaglia ; les architectes Galeazzo Alessio [30], Giovanni Battista Bergamasco, Giovanni Battista Clariccio, Girolamo Gil, Bernardo Lonati, Lionello Torriano, Ferrante Vitelli.

Le livre III contient 108 pièces à la louange de personnages illustres en différents arts et en éloquence : Bernardo Agudo de Plaisance, Vitalbero Aresio, Bernardino Baldini, Giovanni Battista Benedetti, Gherado Borgogni, Ambrogio Brambilla, Giuseppe Caimo [31], organiste, Cesare Caporali, Giulio Cesare Carcano, Girolamo Cardano [32] (2), Claudio da Coreggio, musicien, la signora Clemenza (2), Vittoria Colonna, la signora Daria (2), Pompeo Diabone [33], Filippo da Este, Laura Gandina, Lodovico Gandino, Onorio Gandino, Filippo Gherardi, Giuliano Goselini, Antonio Lusco, Girolamo Maderno, la signora Marina (2), Michel de Nostredame [34], Laura Pusterla (4), Ottonai, médecin, [Francesco] Panigarola, Bianca Panzana, Federico Quintio, Giacomo Sannazaro, Bartolomeo Scapi Coco (2), le baron Sfondrato, Pietro Martire Stresi, Carlo Trivulzio [35], Orlando Villanova da Scio, Girolamo Vincenza, Paolo Visconti, Prospero Visconti (3). Sur la mort de Marco Aurelio Azzi (12). Le livre IV contient 165 pièces à sujet satirique, le livre V, 200 pièces, dont 198 sonnets, de sujets divers, le livre VI, 151 sonnets et deux canzoni burlesques, le livre VII, 28 sonnets.

Le recueil de Lomazzo réunit également une ample série de pièces d’auteurs divers, en diverses langues. Les hommages poétiques qu’offre Lomazzo reçoivent une réponse collective, en italien, de Scipione Albani, Cosimo Aldana [36], Giovanni Andrea degli Alberti di Pomarancio, de Florence, Girolamo Arcelli, de Plaisance, Orazio Ariosti, Bernardino Baldini [37], le dottor Baldo [38], Gherardo Borgogni, Francesco Bottinoni, Giovanni Bottiro [39], Giovanni Battista Canevese, dottore, Giovanni Battista Clariccio, d’Urbin [40], peintre et architecte, Virgilio Corbizi, de Florence, Fazio Galerani [41], secrétaire du Sénat de Milan, Francesco Gallerato, Lodovico Gandini [42], Filippo Gherardini, Giuliano Goselini, Giacomo Lanzavecchia, Orazio Lupi [43], de Bergame, Giovanni Vincenzio Narbona, de Naples, le dottor Federico Quintio, Pietro Paulo Romano, le dottor Silvio Spanocchi, de Sienne, Giacomo Antonio Tassone, Lorenzo Toscani, Giovanni Battista Vegiecco, Giambattista Visconti [44], Prospero Visconti [45], Girolamo Zoppio [46].

S’ajoutent des pièces en latin, de Giacomo Lanzavecchia et de Giovanni Maria Mazzi, en dialecte milanais de Lorenzo Toscani, en dialecte, de Gherardo Borgogni, en lingua da Gratiano, de Bernardo Raynoldi [Rainoldi], en espagnol, de Cosimo Aldana et de Giovanni Sedegna, (2), en français, de Lorenzo Toscani [47] :

Les haults Daimons nous font veoir leur Masquures.

  • Parmy les larves, lares et sucubes,
  • Entent, nostre beau Peintre à toutz incubes.
  • Empouzes Lamiens, e[t] Di[e]ux Lemures.

Cestuy faisoit Idoles Dieux impures,

  • Aveugle Cupidon, et les pronubes
  • Juno, e[t] Lucia : e[t] avecque Cymbal e[t] Tubes
  • Le grand Denys Tyrand des Ames pures.

Cil aveugle rendu, pert la lumiere,

  • Au lieu des zeulx, se niche la science,
  • De toute perte, e[t] peine empart, et gage.

Febus luy donne couronne Laurière.

  • La vive foy luy promet l’esperance.
  • Qui est sage à soymesme, est assez sage. (f. 2M5)

Hauteur : 209 mm ; exemplaire imprimé sur papier fort ; parchemin (reliure de l’époque).

→ Gamba, 1487 note ; Brunet, III, 1148 ; Vaganay, 1587, n° 3 ; Hastings Jackson, 415 ; BL, 391 ; Bologna, 260 ; Ascarelli-Menato, p. 152 ; Edit16 (32 exemplaires).

[1Giovanni Angelo Medici (1559-1565), de Milan, oncle de Charles Borromée.

[2Ferdinand de Habsbourg (1502-1564), roi des Romains, empereur en 1556.

[3Maximilien de Habsbourg, (1527-1576), fils du précédent, empereur en 1564.

[4En fait Maria d’Autriche, épouse de Maximilien II.

[5Philibert-Emmanuel (1528-1580).

[6Ferrante Francesco [ou parfois Francesco Ferrante] d’Avalos (1530-1571), vice-roi de Sicile, gouverneur de Milan.

[7Alessandro Ardenti (c. 1539-1595), de Faenza, peintre de la cour de Savoie. Il séjourne à Milan en 1583.

[8Ou mieux Boccaccino (1504-1546), de Crémone.

[9Federico Barocci (c. 153-1612), d’Urbin.

[10Jacopo da Ponte (1510-1592), dit Bassano.

[11Paolo Cagliari (1528-1588), de Vérone.

[12Polidoro Caldara da Caravaggio (c. 1500-1543) ; grand spécialiste des grotesques et de la décoration murales ou de façades, il collabora avec Raphaël aux Loges du Vatican.

[13Berardino Campi (1522-1584 ou 1591), de Crémone.

[14Luca Cambiaso (1527-1585), de Gênes.

[15Antonio Allegri (1489-1534), dit le Corrège.

[16Sculpteur et peintre lombard (1470-1546).

[17Peintre milanais (c. 1548-1608), élève de Lomazzo.

[18Bernardino Lanino (c. 1512-1582), élève de Gaudenzio Ferrari, actif en Piémont et à Milan.

[19Sans doute Bernardino Luini (1480-1532), dont le fils Aurelio (1530-1593) fut ami de Lomazzo.

[20Andrea Mantegna (1431-1506), de Padoue.

[21Sans doute Francesco Mazzola, dit le Parmesan (1503-1540).

[22Francesco Melzi (1492-1570), gentilhomme milanais, élève de Léonard, connu comme miniaturiste.

[23Sans doute Jacopo di Antonio Negretti, dit Palma (1544-1628), peintre vénitien.

[24Ou Simone Peterzano, peintre lombard, maître du Caravage.

[25Peintre génois (1510-1578).

[26Cesare da Sesto (1477-1523), Milanais, autre élève de Léonard.

[27Pietro Buonacorsi, dit Perin del Vaga (né vers 1500), peintre florentin.

[28Annibale Fontana (1540-1587), originaire du Tessin, médailliste et sculpteur. Il fit une médaille de Lomazzo (conservée à Milan, Musée de Castello Sforzesco).

[29Sculpteur originaire d’Arezzo (1509-1590), actif à Milan et au service de la cour d’Espagne.

[30Galeazzo Alessi (1512-1572), de Pérouse, actif à Gênes et à Milan.

[31Compositeur milanais (1540-1585), organiste de San Ambrogio Maggiore, auteur de plusieurs livres de madrigaux.

[32Le médecin milanais Girolamo Cardano (1501-1576).

[33Pompeo Diabono, ou Diobono, danseur ; il vint en France à la suite du maréchal de Brissac et connut un grand succès à la cour comme maître de ballet. Montaigne le mentionne, en compagnie de Palvallo (Le Paluël), dans ses Essais (I, 26).

[34Médecin et astrologue (1503-1566), auteur de Prophéties (Lyon, 1555).

[35Carlo Trivulzio, patricien de Milan, gentilhomme de la Chambre de l’empereur Rodolphe II, créé comte palatin en 1581 ; fils de Camillo Trivulzio († 1567) et de Paola degli Alicorni, il avait épousé en 1577 Isabella Landonio.

[36Cosimo Aldana ou da Aldana, gentilhomme et poète florentin ; en 1574, il participa au tombeau pour Cosme de Médicis, et publia à Milan, en 1587 un recueil de Rime in morte di suo fratello.

[37Un sonnet de Baldini avait été publié dans les Rime di diversi (Bologne, 1551).

[38Probablement Bernardino Baldi, abbé de Guastalla, voir B. Baldi, Versi e prose, Venise, Fr. de’ Franceschi, 1590.

[39Probablement Giovanni Botero, de Bene, jésuite et ancien secrétaire de Charles Borromée, auteur de la fameuse Ragione di Stato (1589).

[40Né à Urbin en 1542, Giovanni Battista Clariccio s’était établi à Milan en 1570, où il épousa Bianca Gallarati ; peintre, architecte et géomètre, il succéda à Pellegrino Tibaldi comme ingénieur de la cour. Lomazzo fit son éloge dans son Trattato dell’arte della pittura (Milan, 1585, p. 255 et 269).

[41Fazio Galerani avait participé aux travaux de l’Accademia dei Trasformati en 1548, voir Sonetti degli Accademici Trasformati, Milan, A. Borgo, 1548.

[42Auteur d’une Lettione sopra un dubbio come il Petrarca non lodasse Laura espressamente dal naso, et de Rime (Venise, Dusinelli, 1581).

[43Orazio Lupi, noble de Bergame, publia, la même année 1587, un recueil de Rime (Milan, P. da Ponte).

[44Giambattista Visconti († 1615), seigneur de Brignano, patricien, décurion de Milan, capitaine des chasses du duché de Milan, fils de Barnabò Visconti et de Margherita Visconti di Fontaneto. Un autre Giambattista Visconti, fils d’Ercole Visconti di Saliceto et d’Anna Sfondrati, était abbé commendataire de San Barnaba à Grattasoglio en 1601. Giambattista Visconti était l’auteur d’une pastorale, l’Arminia, représentée au palais ducal et publiée en 1599 (Milan, P. Malatesta pour P. M. Locarni), à l’occasion des fêtes en l’honneur d’Isabelle, infante d’Espagne, sœur de Philippe III, et de l’archiduc Albert, frère de l’empereur Rodolphe II.

[45Prospero Visconti (légitimé en 1548-1592), fils naturel du capitaine Giangaspare Visconti (né en 1501) ; co-seigneur de Cassano et Breme, patricien de Milan, gentilhomme du duc de Bavière, prieur de l’Ospedale maggiore.

[46De Bologne, voir G. Zoppio, Rime e prose, Bologne, A. Benacci, 1567.

[47La famille Toscani ou Toscano, de Milan, avait des liens tout particuliers avec la France ; Lorenzo Toscano, sans doute un grand-oncle de Lorenzo, l’ami de Lomazzo, était vicaire général de Cahors, puis, après 1536, évêque de Lodève. Un autre personnage de la même famille, Giovanni Matteo, était en 1576 aumônier de Catherine de Médicis et l’auteur des Carmina illustrium poetarum italorum (Paris, Gorbin, 1576) et du Peplus Italiæ (Paris, Morel, 1578).

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