le vite/ DELLI PIV/ celebri et/ antichi primi/ poeti provenzali che/ fiorirno nel tempo delli Ré di Napoli, & Conti di/ Prouenza, liquali hanno insegnato à tutti il Poetar/ Vulgare./ Raccolte dall’opere de diuersi excellenti scrittori,/ ch’in quella lingua le scrissero : in lingua Fran-/zese da Gio : di Nostra Dama poste :/ & hora da Gio : Giudici in Ita-/liana tradotte, e da-/te in luce./ Per le quali, oltra le memorand’istorie contenute in esse, si di-/monstra l’antiquità di molte illustri, & Nobil Case tanto di Pro-/uenza, Linguadocha, & altre Prouincie della Francia, che d’Ita/lia, & d’altroue./ Con la Tauola delle cose piu notabili./ [fleuron]/ in lione,/ Appresso d’Alesandro Marsillij./ L’anno m. d. lxxv.
In-8° [128] feuillets signés A-R8 ; C5 mal signé B5, paginés (1 6) 3-27 (82) 29-64 (39) 66-67 (89 35) 70-123 (24) 125-147 (48) 149-193 (94) 195-254 [II bl.]. Fleuron sur le titre ; autres aux feuillets H 3 v°, L3 et N5 ; bandeaux typographiques ; lettrines ; caractères italiques.
En 1575, en pleine polémique anti-italienne, parut à Lyon, chez Alessandro Marsilii, La Vie des plus célèbres poètes provençaux de Jean de Nostredame, magistrat à Aix-en-Provence. Le recueil était dédié à Catherine de Médicis. Cette édition avait été précédée, chez le même imprimeur, d’une version italienne due à Giovanni Giudici, l’agent du prince Cybo à Rome [1]. Giudici avait reçu de Nostredame une première copie manuscrite de l’ouvrage, qu’il traduisit immédiatement, alors que Nostredame continuait à remanier ses Vies, offrant un texte original parfois différent de la version italienne.
L’ouvrage de Nostredame était en fait un travail de généalogiste complaisant. L’auteur cherchait à honorer certaines familles provençales et italiennes, en leur inventant des illustrations littéraires, un aspect que Giudici amplifia en dédiant sa version à Alberico Cybo, prince de Massa [2]. Nostredame s’était servit des résultats savants accumulés par deux générations d’érudits italiens, Pietro Bembo et Giovanni Maria Barbieri [3] (1519-1574) en particulier, qu’il adapta à ses fins, ajoutant à l’imposture généalogique une imposture littéraire. Nostredame fit en effet de ces poètes les ancêtres des poètes français de son temps et les modèles qu’auraient suivis, selon lui, les poètes italiens de la Renaissance :
- Me suffit seulement remonstrer après Dante en sa vulgaire Eloquence, Petrarque, Cyno de Pistoya, Guydo Cavalcanti, Bocace, Bembe, Mari Equicola, le Courtizan, Jean Des Gouttes traducteur de l’Arioste, l’autheur de la Grammaire françoise-italienne, l’Eperon Esperoin, Ludovic Dolce en son Apologie, et plusieurs autres escrivains tuscans lesquels afferment que la langue provençale a esté grandement célébrée par un nombre infiny de nos poetes provençaux qui ont vescu plusieurs et divers siecles et escry beaucoup avant les Poëtes Tuscans. (Vie, p. 7-8)
A sa suite, Estienne Pasquier put ainsi évoquer la poésie provençale comme une variété précoce et brillante du génie français, et Antoine du Verdier tout comme François de La Croix du Maine firent entrer ces poètes dans leurs bibliographies nationales, avec les poètes médiévaux retrouvés par Claude Fauchet.
Le volume édité par Giudici est composé de 76 notices [4] (en fait 90 si l’on ajoute les Vies de poètes comprises dans celles du comte de Poitou et de Guy d’Ussel), consacrées à Guilhem Adhemar [Guglielmo Adhimare], Bertrand d’Allamanon [Bertrando d’Alamannone], Guilhem d’Agoult [Guglielmo d’Agulto], Peyre d’Auvergne [Piero d’Alvernia], Richard de Barbezieux [Riccardo di Barbezios], Guilhem de Bargemon [Guglielmo di Bargemona], Elie de Bargiols [Elia di Bargioli], Beral des Baux [Berarlo del Baultio], Aimeric de Belvezer [Americo del Bel Vedere], Rostang Berenguier [Rostano Beringhieri di Marsilia], Blacas [Blacasso], Guilhem Boyer [Guglielmo Boieri], Peire de Bonifaciis [Pietro de’ Bonifatii], Giraud de Bournelh [Ghirardo di Bournello], Pons de Brueil [Pontio di Bruillo], Hugues Brunet [Hugho Brunetti], Marco Brusco [Marcebrusc, Marco Brusco], Guilhem de Cabestan [Guglielmo di Cabestano], Cadenet [Cadenetto], Boniface Calvo [Bonifatio Calvi], Peire Cardinal [Pietro Cardinale], Boniface de Castellane [Bonifatio di Castellana], Peire de Chasteauneuf [Pietro di Castelnovo], Lanfranc Cigale [Lanfranco Cicala], Arnaud de Cotignac [Arnaldo di Cotignaco], Arnaud Daniel [Arnaldo Danielle], la comtesse de Die [Digno], Guilhem Durant [Guglielmo Durante], Anselmo Faydit [Anselmo Faydit], l’empereur Frédéric [Federico], Rémond Ferrand [Remondo Ferrando], Guilhem Figuiera [Guglielmo di Figuiera], Taraudet de Flassans [Traudetto di Flassano], Roolet de Gassin [Roholletto di Gassino], Rémond Jourdan [Raimondo Giordano], Luc de Grimauld [Luca di Grimaldo], le moine [Monge] des Iles d’Or, Laura [Laura de Noves, d’Avignon], Hugues de Labières [Ugho di Labiere], L. de Lascaris, Geoffroy du Luc [Goffredo di Luco], Savaric de Mauléon [Salvarico di Malleone], Arnaud de Maraviglia [Meyruelh, Arnaldo di Maraviglia], Bertrand de Marseille [Bertrando di Marsilia], Folquet de Marseille [Folchetto di Marsilia], Rémond de Mirevaux [Remondo di Mirevalso], le moine [Monge] de Montmajor [Montemaggiore], Anselme de Mostiere [Anselmo da Mostieri, en fait Michel de Nostedame], Richard de Noves [Riccardo di Nove], Rambaud d’Orange [Rambaldo d’Orange ], Perceval Doria [Princivalle d’Oria], B. de Parasols [B. di Parasole], Hugues de Penna [Hugho di Penna], Perdigon [Perdigone], Bertrand de Pezars [Bertrando di Pezzaro], Aimeric de Pingulan [Americo di Pinculano], le comte de Poitou [Potù], Rémond Berenguier, comte de Provence [Remondo Beringhieri], Chiaberto de Pucciboto, Peire Rémond le Preux [Pietro Ramondo il Poderoto], Bernard de Rascas [Bernardo Rascasso], Richard, roi d’Angleterre [Riccardo], Pierre de Ruer [Pietro della Rovere], Jaufred Rudel [Giusfredo Rudello], Peire Roger [Pietro Ruggiero], Hugues de Saint Césaire [Hugho di San Cesare], Guilhem de Sainct Didier [Guglielmo di San Desiderio], Peire de Saint-Remi [Romyech, Pietro di San Remigio], Hugues de Saint Cyr [Ugho di San Siro], Albertet de Sisteron [Alberto di Sisterone], Sordello Mantovano, Guy d’Uzès, d’Ebles [Guido d’Uzes], Rambaudo de Vachieras [Rambaldo di Vacchiero], Bernard de Vantadour [Bernardo di Vantadore], Peire de Vernigues [Pietro di Verniguo], Peire Vidal [PietroVitale].
Le volume a été publié chez Alessandro Marsilii, marchand-libraire italien, peut-être d’origine lucquoise, établi à Lyon, actif entre 1572 et 1586, éditeur du Galateo de Giovanni della Casa, du Cavalerizzo de Claudio Corte, de la Quarta parte delle Novelle de Matteo Bandello et de la Gerusalemme liberata Torquato Tasso. Marsilii se distingua au cours de la Saint-Barthélemy en faisant « trancher la teste à un Lucquois, nommé Paulo Minutily, laquelle il garda quelques jours, en espérance d’estre payé du ban, qui est une somme d’argent promise par la seigneurie de Lucques, aux meurtriers des bannis, principalement pour la Religion [5] ».
Hauteur : 150 mm ; vélin rigide ; tranches marbrées ; reliure du XVIIIe siècle.
→ Brunet, IV, 109 ; Baudrier, II, 164 (recense 6 exemplaires) ; Vaganay, 1575, n° 8 ; BL, French Books, 327 (3 exemplaires) ; Edit16 (27 exemplaires).