RIME VOLGARI DI/ m. lvdovico paschale/ Da Catharo Dalmatino./ Non piu date in luce./ [marque]/ In Vinegia appresso Steffano [sic] & Battista Cognati al/ Segno de S. Moise./ con gratia et privilegio./ m. d xlix.
In-8° [96] feuillets signés A-M8 chiffrés (1-9) 10 (11) 12 (13) 14 (15) 16-96. Marque sur le titre (75 mm : Vaccaro, 274 ; Zappella, 879) ; caractères italiques.
Recueil des rime du poète dalmate Ludovico Paschale. Il comprend 209 pièces, dont 178 sonnets, treize madrigaux, quinze canzoni ou canzonette, deux capitoli un poème en 39 stances. La première partie est composée d’un canzoniere de 146 pièces diverses, adressé à Marzia Grisogona, noble dame de Zara. Dans son épître liminaire, Paschali évoque ses rime comme des
- doni sterili e orridi, simili al loco dove sono stati produtti, nell’estremo angulo della Dalmatia, infra monti alpestri e privi di ogni commertio e conversation gentile,
et il prétend offrir
- una copia di rime basse e incolte, che la [sua] giovinezza produsse al tempo che lasciò guidar i sentimenti all’appetito. (f. A2-A3)
La seconde partie, dédiée à Vincenzo Querini, contient 63 pièces dont 59 sonnets, célébrant Venise, certaines adressées à P. Maria Balbi, Vicenzo Barozzi (2), Giovanni Matteo Bembo (une canzone et cinq sonnets), Camillo Besalio (2), Giorgio Bizanti [1], de Cattaro, Franceschetto Bucchia, Vincenzo Bucchia, Marzia Grisogona, Cristoforo Canale, Urbin da Crema, Camillo Drago, Alberto Duimo, Nicolò Giuliano, le patriarche Grimani [2], Bernardino Grisolfo [ou Ghisolfo], de Schio, Annibal Lucio, le comte Claudio Martinengo, le comte Ercole Martinengo [3], Marchio Michele, Antonio da Mula [4], Giovanni Battista Nena, de Bari [5], Angiolo Pegolotto, Francesco Pisani, Luigi da Riva, Stefano Tiepolo, Lorenzo Venier (2). Cinq pièces sur la mort de Lodovico da Ponte.
Le canzoniere de Paschale est d’un parfait pétrarquisme et suit les « lieux » de la poésie d’amour : le sonnet d’ouverture ‘Ecco descritta in lagrimosi versi…’ propose une variation sur le premier sonnet des RVF. Paschale témoigne de sa maîtrise formelle, en développant des structures métriques adaptées de celles de Pétrarque, parfois corrigées par la leçon de Bembo. De façon très originale, il combine à cette inspiration des références classiques, principalement des poètes élégiaques. Dans le sonnet de la seconde partie adressé à Bernardino Grisolfo, ‘Spesso Chrisolfo mio mi duolsi teco…’, Paschale rappelle la nécessité d’accompagner la poésie en langue vulgaire de l’étude des poètes latins :
- Senza la fida scorta
- Della Latina almen, ch’ogni suo lume
- A lei (qual madre alla sua figlia) apporta,
- Da lei prende vigor, e già presume
- Questa leggiadria giovinetta accorta
- D’alzarsi in ciel con le materne piume.
Les pièces de la seconde partie célèbrent lieux et personnages familiers, ordonnés selon une subtile disposition reposant sur de nombreux renvois et des regroupements thématiques. Ainsi, après les textes d’ouverture adressés à Venise, à qui sont également adressés les textes de clôture, vient une section adressée à Giovanni Matteo Bembo, neveu du cardinal Bembo et capitaine fameux, avec qui Paschale était lié ; le poète exalte son héroïsme lors de la bataille de Cattaro contre le pirate barbaresque Barbe-rouge. Une transition est constituée par les deux sonnets adressés à Camilio Besalio, dont le second évoque Lorenzo Venier, auquel sont adressées les pièces suivantes.
Le volume fut édité par le libraire vénitien Giovanni Battista Bertacagno, qui exerça entre 1548 et 1550 en association avec son beau-frère Stefano, puis poursuivit seul, jusqu’en 1553. Il publia en particulier plusieurs œuvres d’Andrea Calmo ainsi que des textes d’auteurs slaves, dédiés à Marzia Grisogona : outre les Rime volgari de Paschale, La prima oratione d’Isocrate a Demonico et le Dialogo delle eccellenti virtù et maravigliosi fatti di Hercole de Marko Marulic, deux textes traduits par Bernardino Ghrisolfo. Ces choix éditoriaux indiquent un rapport étroit du libraire avec les cercles savants de Dalmatie.
Hauteur : 145 mm. Parchemin, tranches rouges, gardes renouvelées (reliure ancienne).
Provenance : paraphe daté 1653 au f. F4 ; signature tomaso au verso du f. M5 ; ex-libris armorié gravé de Thomas Joseph Farsetti, 1745 [bailli de l’Ordre de Malte, auteur de comédies italiennes et latines ; Farsetti légua ses collections de manuscrits à la Biblioteca Marciana de Venise en 1781 et 1792, après avoir fait établir le catalogue de sa bibliothèque par Jacopo Morelli ; un volume est consacré aux 1900 livres en italien ; Gelli, p. 183, et repr. 415 ; Nicolini, 89-93 ; Parenti-Frati, II, 62-65] ; au verso du dernier feuillet, cachet de la bibliothèque du Senatore Dudan, de Spalato [aujourd’hui Split, en Croatie].
→ Vaganay, 1549, n° 5 ; BL, 491 ; Ascarelli-Menato, p. 389 ; DTE, I, 120 ; Edit16 (11 exemplaires).