rime/ DEL SIG. ASCANIO/ pignatello/ cavaliere napoletano./ date nvovamente alle stampe/ Da Gio. Battista Crispo da Gallipoli./ et dedicate al signor prencipe di s. severo./ [armoiries]/ in napoli, Nella Stamperia dello Stigliola,/ Per Gio. Tomaso Todino. m. d. xciii.
In-4° [52] feuillets signés 4 A-M4 paginés [VIII]-94 [II bl.]. Armoiries de la famille Sangro [« d’or à 3 bandes d’azur »] sur le titre (104 mm ; Zappella, 1213 indique une marque aux Quatre éléments) ; fleurons, lettrines ; texte en caractères romains, encadré d’une bordure typographique.
Première édition des Rime d’Ascanio Pignatelli, procurée par Giovanni Battista Crispo [1], de Gallipoli. Elle est dédiée à Paolo di Sangro, prince de San Severo [2]. Crispo, dans son épître liminaire indique que l’édition aurait été faite à l’insu de l’auteur ; la dédicace à un cousin de celui-ci, aux dépends duquel le volume a sans doute été publié, prouve au contraire que Pignatelli avait dû donner son approbation. Le recueil est composé de 129 pièces diverses (123 sonnets, deux madrigaux, quatre canzoni), certaines adressées à Maria d’Avalos, Giovanni Battista d’Alessandro, Scipione Bargagli [3], la duchesse de Nocera Carafa [4], la duchesse de Nocera Castriota [5], Girolama Colonna [6], Pierantonio Ferraro, le dottor Giulio Iasolino, Ascanio Piccolomini, archevêque de Sienne (2), Verginio Turamini, Benedetto dell’Uva. D’autres pièces font référence à des circonstances précises : les noces du marquis de Santo Lucido [7] et de Faustina Latra, la blessure du duc de Parme [8], les noces de Flavia Peretti et Virginio Orsini [9], la mort d’Antonio Mirabello, Muzio [Pignatelli], Anna de Toledo [10].
Par rapport aux pièces publiées une génération plus tôt, dans les Rime des Eterei, les rime de 1593 marquent une évolution notable. Si l’inspiration reste toujours étroitement néo-pétrarquiste, le poète se livre à des variations singulières ou précieuses, en recourant à des allusions à Dante et à l’ancienne poésie toscane. La poésie de Pignatelli, proche de celle d’un Galeazzo di Tarsia, fait le lien entre le manierisme et les expérimentations concettistes de Marino, à qui du reste Pignatelli dédie deux sonnets, ‘Or che cinto di fiamme arde rabbioso…’ et ‘Qui dove incontro al caldo dì, vivace…’, en étroites consonance avec le fameux sonnet de Marino ‘Or che l’aria e la terra arde et fiammeggia…’ des Rime marittime (voir ce volume). Marino lui-même composa un sonnet funèbre à la mémoire de Pignatelli, ‘Ascanio, Ascanio è morto, in piccio vaso…’. Le recueil connut deux réimpressions, la première en 1603 (Vicence, G. Greco), à l’initiative de l’Accademia Olimpica, contenant quatre pièces nouvelles mais aussi diverses retouches, la seconde, en 1682 (Naples, Bulifon).
Originaire de Nola, Nicola Antonio Stigliola fit des études de philosophie et devint architecte ; son activité d’imprimeur fut marginale dans sa carrière ; il ouvrit une officine à Naples, Porta Regale, en 1593, active jusqu’en 1603. Stigliola passa deux années en prison pour avoir diffusé les théories coperniciennes. Le libraire Giovanni Tommaso Todino est peu connu ; Manzi ne cite qu’un autre livre, publié la même année 1593, portant son adresse, le Discorso nel quale si prova quanto sia più degna la donna dell’huomo, de Giovanni Mauro.
Hauteur : 225 mm. Parchemin souple (reliure de l’époque).
Provenance : signature Giuseppe Pavoni sur la dernière garde [imprimeur libraire génois, éditeur de Chiabrera].
→ Vaganay, 1593, n° 6 ; BL, 519 ; Manzi, Stigliola, 3 (recense 5 exemplaires) ; id. Tipografia napoletana, V, p. 215 (Todino) ; Ascarelli-Menato, p. 41 ; Edizioni tassiane, IV. 13 ; Edit16 (10 exemplaires).