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RAINERI (Antonio Francesco), Cento sonetti (1553 [1554])

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[fleuron]/ all’illvstrissimo/ et eccellentiss./ s. fabiano de monti./ cento sonetti./ di m. antonfrancesco/ rainerio./ gentilhvomo milanese./ Con breuissima Espositione dei soggetti loro ;/ & con la Tauola in fine./ [marque : et steriles platani malos gessere valentes]/ M D LIII.

[souscription] impressi in milano/ per gio. antonio/ borgia.

Grand in-8° [88] feuillets signés A-L8 non chiffrés. Emblème de l’Accademia dei Trasformati sur le titre (74 mm : Vaccaro, 104 ; Zappella, 968), répété sur les titres intermédiaires et au verso du dernier feuillet. Caractères italiques.

Première édition des œuvres poétiques d’Antonio Francesco Raineri, avec un commentaire des sonnets par Girolamo Raineri, le frère de l’auteur. Le recueil est dédié à Fabiano de’ Monti, neveu du pape Jules III. Il réunit, dans une première partie, cent sonnets de divers sujets, amoureux, encomiastiques ou consolatoires, écrits au nom de ou adressés, selon l’espositione, au pape Paul III (3), à Philippe II, roi d’Espagne, à Marguerite d’Autriche, épouse d’Ottavio Farnese (4), Catherine de Médicis, sur la naissance du dauphin [1], au duc d’Urbin [2], à Alfonso d’Avalos, marquis del Vasto (2), Cola Maria Caracciolo [3], Giovanni della Casa, Livia Colonna [4] (3), Ortensia Colonna Pallavicino di Busseto [5], Luca Contile, au cardinal Cornaro [6], Ippolito d’Este, cardinal de Ferrare (2), au cardinal Farnese [7] (3), Ottavio Farnese [8], Pierluigi Farnese [9] (4), Ranuccio Farnese, cardinal de Sant’Angelo [10], Vittoria Farnese, duchesse d’Urbin [11] (5), Ercole Gonzaga, cardinal de Mantoue, Ippolita Gonzaga [12] (2), Giovanni Guidiccione, évêque de Fossombrone [13], Pier Antonio Lunati, Faustina Mancini degli Attavanti, Francesco Maria Molza, Balduino [de’ Monti] (4), Fabiano de’ Monti, M. d’Orfeu [14], ambassadeur du roi de France, Nicola Orsini, comte de Pitigliano [15] (3), Scipione Orsini di Nicosia [16] (2), Camilla Pallavicino, Bartolomeo Sauli (5), Claudio Tolomei (2), Margherita Trivulzio, comtesse della Somaglia [17], Benedetto Varchi. Sonnets funèbres, sur la mort du cardinal Caracciolo [18], de Giovanni Guidiccione (2), Pierluigi Farnese [19] (3), Faustina Mancini [20] (3). Suivent des pièces diverses, 5 sonnets adressés à Annibale Caro, [Sebastiano] Gandolfo, Giuliano Goselini, Alda Taurella [Torelli] [21], Carlo Visconti [22], et les réponses des mêmes ; une canzone, trois sestine, douze stanze, six madrigaux.

Une seconde partie réunit deux Pompe, relations de fêtes, dont il existe une édition séparée, datée du 25 février de la même année. La première contient un sonnet ainsi que 23 stanze, récitées à l’occasion du carnaval 1553 par douze gentilshommes milanais déguisés en messagers de l’Amour : Scipione Arzone, Camillo Billia, Giovanni Francesco Castiglione, Giovanni Battista Cusani [23], Manfredo Gatto, le marquis de Goliasso, Giovanni Mariano, Marcantonio Porro, Pier Francesco Reina, le marquis de Soragna [24], Alessandro Spetiano, Carlo Visconti ; les pièces sont adressées à Claudia Arconati, la présidente Arigoni, la princesse d’Ascoli [25], Amodina Bertia, Isabella Brivio, Bianca Caccia Gambaloita, Lucrezia Cusani, la comtesse Barbarina Este Trivulzio [26], Gismonina da Este [27], la comtesse Laura Gonzaga Trivulzio [28], Lucrezia Marinoni, la marquise de Soragna [29], la comtesse Lucia Trivulzio Visconti [30], Margareta Trivulzio [31], la cavalliera Visconti, la comtesse Isabella Visconti, Lucia Visconti, Lucrezia Visconti, la princesse ***, la s. Castellana, la s. Gran Cancelliere. La seconde Pompa est composée de onze stanze, un madrigal, à la louange de Dante, Pétrarque, Boccace, Bembo, Sannazaro, Ariosto, récités par six gentilshommes déguisés en poète : Costanzo d’Adda [32], Pietro Novato, Marcantonio Porro, le marquis de Soragna, Cesare Taverna, Carlo Visconti.

La poésie de Raineri fait entendre une voix singulière dans le cadre de la poésie italienne des années 1550. Capable d’exprimer les enjeux savants du groupe réuni autour des Farnese sans perdre sa personnalité, le poète sut maintenir un véritable dialogue avec la tradition classique, qui le préserva de tout pétrarquisme répétitif. On a pu le qualifier de « poète de la littérature », pour mettre en évidence son goût pour le decorum et sa capacité d’insuffler une certaine vitalité poétique aux circonstances les plus légères de la vie de cour, en une recherche permanente de la préciosité. Les Cento sonetti, dont le titre est peut-être une allusion au recueil homonyme d’Alessandro Piccolomini, publié en 1549 (voir ce volume), ne suivent pas un ordre narratif. Le recueil s’ouvre sur un sonnet à Alfonso d’Avalos et se conclut sur un sonnet à Giovanni della Casa. Il combine des pièces de caractère mondain, étroitement liées dans un réseau familial ou personnel, ou par des affinités thématiques. Cet aspect mondain est mis en lumière par le commentaire du frère de l’auteur, peut-être selon les indications de ce dernier, qui souligne moins les éléments stylistiques et proprement poétiques que les circonstances de pièces, comme autant de petites chroniques de la vie de cour, au point de donner à cette poésie un aspect aussi documentaire qu’artistique.

Hauteur : 181 mm. Parchemin rigide, étiquette au dos, tranches mouchetées (reliure du XVIIIe siècle, remontée).

→ Vaganay, 1553, n° 5 ; Fowler, p. 415 ; BL, 548 ; Bologna, 403 ; Ascarelli-Menato, p. 158 ; Sul Tesin, I.26 ; Edit16 (29 exemplaires).

[1François, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né le 19 janvier 1544, futur François II.

[2Guidobaldo II della Rovere.

[3Cola ou Nicola Caracciolo (1512-1567), évêque de Catane ; en se rendant au concile de Trente, il fut pris par un corsaire barbaresque et tenu captif pendant un certain temps ; de retour en Italie, il fut soupçonné de sympathie pour les idées de Valdès. Caracciolo fut un protecteur du jeune Tasso et de Tansillo.

[4Sur ce personnage, voir Rime di diversi autori in vita e in morte di Livia Colonna, Rome, A. Barré, 1555.

[5Ortensia Colonna, fille Marcantonio Colonna, seigneur de Paliano et de Lucrezia Gara della Rovere, épouse de Girolamo Pallavicino (1508-1579), marquis de Busseto, gouverneur de Lodi, colonel de l’infanterie espagnole.

[6Andrea Cornaro, ou Corner della Regina (1511-1551, cardinal en 1544 ; deux autres membres de le famille Corner étaient cardinaux à la même époque, Francesco († 1544), évêque de Brescia en 1532, cardinal en 1527, ainsi qu’Alvise Corner della Regina (1517-1584), chevalier de Malte, grand-prieur de Chypre, créé cardinal en 1551, futur archevêque de Zara puis de Bergame, en 1560.

[7Alessandro Farnese (1520-1589), petit-fils de Paul III.

[8Frère du précédent, né en 1524, duc de Camerino, duc de Parme et Plaisance.

[9Père des précédents, né en 1503, gonfalonier de l’Eglise, duc de Castro, duc de Parme.

[10Fils du précédent, né en 1530.

[11Sœur du précédent, née en 1521 ; elle avait épousé en 1547 Guidobaldo II della Rovere.

[12Née en 1535, fille de Ferrante Gonzaga, prince de Molfetta ; elle épousa Fabrizio Colonna en 1560.

[13Giovanni Guidiccione (1500-1541), de Lucques, fit carrière à la suite de son oncle, le cardinal Bartolomeo Guidiccione, et du cardinal Farnese. Il fut nommé évêque de Fossombrone en 1527 et nonce en Espagne. Guidiccione, dont Caro était le secrétaire, laissa une œuvre poétique de style sévère, proche de celles de Vittoria Colonna et de Della Casa, marquée par le sentiment de la mort, publiée en une édition posthume, en 1557, par Luigi Domenichi avec la Oratione alla Republica di Lucca. Ses rime ont également été recueillies dans diverses anthologies.

[14Ce personnage n’a pas été identifié.

[15Nicola III Orsini (†1594), comte de Pitigliano, fils de Giovanni Francesco Orsini, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, et d’Ersilia Caetani di Sermoneta. Il épousa Livia Orsini di Nerola.

[16Peut-être Scipione Orsini (assassiné en 1594), fils de Raimondo Orsini, comte de Pacentro, plutôt que Scipione (né après 1544), fils de Pierfrancesco Orsini, seigneur de Bomarzo et de Giulia Farnese di Latera, ou encore Scipione, fils de Francesco Orsini et de Giovanna Carafa di Nocera, époux de Vittoria Pappacoda.

[17Margherita, fille de Giorgio Trivulzio († 1521), seigneur de Melzo, et de Caterina di Agostino Trivulzio ; elle épousa en 1516 Francesco Cavazzi, comte della Somaglia, patricien de Milan.

[18Marino Ascanio Caracciolo, né en 1468, protégé du cardinal Sforza ; évêque de Catane, il fut créé cardinal en 1535 ; grand-chancelier du duché de Milan après une mission en Frane, il mourut en 1538.

[19Pierluigi Farnese fut assassiné en 1547.

[20Faustina Mancini degli Attavanti mourut en couches le 6 novembre 1543 ; sa mort fut déplorée par de nombreux poètes.

[21Alda Torelli Lunati, de Pavie, fille de Ludovico Torelli, comte du Vicariato di Settimo, et de Camilla Martinengo. Quelques uns de ses poèmes ont été recueillis par Ludovico Domenichi dans les Rime d’alcune nobilissime donne (Lucques, 1559).

[22Carlo Visconti (1523-1565), fils de Cesare Visconti, co-seigneur d’Albizzate, patricien de Milan, conseiller, décurion en 1559. Protonotaire apostolique, il devint évêque de Vintimille en 1561, nonce en Espagne, et fut créé cardinal en 1565. Il participa aux travaux de l’Accademia dei Trasformati, voir Sonetti degli Accademici Trasformati, Milan, A. Borgo, 1548.

[23Giovanni Battista Cusani (1525-1561), patricien de Milan, conseiller, fils de Luigi Cusani et de Caterina Borri. Il épousa sa cousine Paola Cusani.

[24Probablement Deifebo Meli Lupi (1532-1591), 3e marquis de Soragna.

[25Anna Maria de la Cuova, épouse d’Antonio de Leyva († 1545), prince d’Ascoli, seigneur de Monza.

[26Barbara d’Este, fille de Sigismondo d’Este, marquis de San Martino in Rio, et de Giustina Trivulzio ; elle épousa en 1543 Francesco Trivulzio, capitaine au service de la couronne de France.

[27Gismonina ou Sigismonda d’Este, sœur de la précédente. Elle épousa Paolo Sfondrati, baron de Valsassina.

[28Laura Gonzaga, fille de Sigismondo Gonzaga, seigneur de Vescovato, et d’Antonia Pallavicino, était veuve de Giovanni Trivulzio (1526-1549), comte de Borgomanero.

[29Cassandra Marinoni, épouse de Deifebo Meli Lupi, marquis de Soragna, cité ci-dessus.

[30Lucia, fille de Renato Trivulzio, seigneur de Formigara et d’Isabella Borromeo ; elle avait épousé Luigi Visconti, co-seigneur de Somma.

[31Margherita Trivulzio († 1601), sœur de la précédente, épouse de Giulio Cesare Borromeo, établi à Crémone après 1565.

[32Costanzo d’Adda († 1575), créé comte de Sale en 1549.

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